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"Seul la longueur et la dureté de l’aventure permettent de se retrouver avec soi-même, de réaliser un voyage intérieur au plus profond de son corps et de découvrir des ressources morales et physiques jusqu'alors insoupçonnées. Le corps humain est une machine tantôt surprenante tantôt merveilleuse avec une capacité d’adaptation hors du commun"

Humani’trail – Le Récit d’une tranche de vie pas comme les autres

Les lettres de noblesse du Trail…Un Weekend inoubliable aux Diablerets… Vive le Trail et vive l’Humanitrail…une course sélective, technique, aérienne ; des paysages à couper le souffle, une organisation et des bénévoles aux petits soins et surtout…de l’émotion en veux-tu en voilà ! Je vous présente en exclusivité la recette magique vue par Zpeedy. De la chair de poule, des frissons, des larmes au coin de l’œil…un moment qui restera gravé dans ma mémoire, dans celle de mes amis et surtout dans celle de ma petite femme…je suis tellement fier ! Après 12h30 min de course, Maya et Antoine franchissent la ligne d’arrivée du 56k de l’Humanitrail peu avant le coucher du soleil, une image, un symbole ! Mais un petit retour en arrière s’impose pour me permettre de vous faire vivre cette journée du samedi 24.09.16 intense et un peu folle ! Un réveil qui pique à 4h du matin, Maya se lève, entre la crainte de l’inconnu et le stress d’avant course, elle a de quoi choisir mais elle ne s’en laisse pas compter et me semble sereine ! Un petit-déjeuner plus tard et hop il est temps de finaliser la préparation du sac ! Je prends garde à lui mettre de nombreuses compotes, des dattes et autres barres pour qu’elle puisse s’alimenter correctement. On définit une stratégie simple d’alimentation et d’hydratation et un timing… « N’oublie pas de t’alimenter régulièrement, force toi s’il le faut ! » s’écrie le Zpeedy « Oui babe, compris » répond ma douce….cause toujours dit-elle dans sa tête ;-) fullsizerender Départ pour la prise des dossards, du beau monde, des amis, Ludo Collet, Caro Pipolo, Ryan Baumann, Aurélio, David, Victor Hugo, Cédric, Antoine, Yannick et j’en passe. Le stress monte tant pour moi que pour Maya ! 6h10, Maya et les garçons son sur la ligne de départ ; 6h10, les frontales s’allument sous les coups de micro de Ludo, l’ambiance monte d’un cran, l’émotion aussi….6h15, ils s’élancent, une horde de courageux partent braver les 6 degrés ambiants et surtout les 56k d’un parcours pour initiés, difficile, très difficile, aérien, technique, sans répit qui ne pardonne rien ni personne, un sacré défi ! Je laisse Maya, la mort dans l’âme, elle qui s’implique tellement à chacune de mes sorties, qui vit chaque ravitaillement comme si c’était le dernier, se lance dans une première aventure au long, très long cours, une découverte, de nouvelles barrières à franchir dans son univers sportif déjà bien garni….ma petite judokate Pour ma part, bien qu’anecdotique à mes yeux tellement mon esprit est avec eux, je retourne fermer les yeux 45min avant de me diriger à nouveau au départ pour 10h15 ! On voit passer les premiers du 56k, sacré niveau cette année, impressionnant ! Je repense à ma petite femme et ses acolytes ! Ils viennent de passer le Grand Chamossaire, l’allure est bonne, espérons que la gestion également ! Je m’élance pour mon 27k, le soleil est au rendez-vous avec un ciel limpide, tout est présent pour aller faire une belle balade en montagne ! Dès le départ, nous nous détachons à 4 sur les premiers km vallonnés, puis à deux avec Robbie Britton, un spécialiste des 24 heures sur route qui sera aux championnats du monde des 24 heures sur route dans trois semaines pour défendre les couleurs britanniques ! Un sacré client ! De mon côté, j’appréhendais les sensations après une semaine bien chargée sans pause pour la surcompensation. Malgré un manque de fraîcheur évident, je sens que je peux me faire mal aujourd’hui et que mes jambes m’accordent un répit pour profiter d’une belle bataille. Dans la montée jusqu’au Meilleret, 800m de D+, je reste sagement dans la foulée de Robbie, je remarque assez vite que j’ai plus de ressources que lui en montée, on discute pendant cette partie, le bonhomme est très sympathique, on rigole bien ! Au niveau tactique, le duel s’installe et il me dit qu’il se réjouit que ça redescende, il est apparemment plus à l’aise sur plat et en descente, pas étonnant vu sa discipline, mais attention il n’est pas maladroit du tout en montée ! J’ai le sourire car on va bien s’amuser ! Au sommet je prends la tête, je mène sur la crête et je sors quelque peu de mes réserves, je change de rythme…assez vite je vois que je peux faire la différence mais une bifurcation à droite nous emmène dans une descente sans balisage, je doute, je m’arrête, je l’attends…25, 30, 45 secondes, il arrive tout perturbé également, on décide de continuer et finalement on retrouve une balise…cool le duel peut reprendre mais j’ai lâché quelques secondes dans l’affaire et surtout il a pu recoller !
« Cool le duel peut reprendre… »
Une portion de relance avant d’aborder la montée du grand chamossaire, environ 400 m D+, je mets les gaz, je me teste, je sens qu’il s’accroche mais qu’il est dans le dur, je continue et finalement il lâche seconde après seconde. Au sommet, j’ai 2 min d’avance ! Je me sens bien, à ce moment là, rien ne peut m’arrêter… ou du moins c’est ce que je crois !!! Plusieurs faits de course vont animer ma fin de course. Premièrement, une erreur de parcours sur une portion doublement balisée qui m’emmène de nouveau sur la première crête, on me fait redescendre, 2-3 min de perdu dans l’affaire et surtout, ce diable de Robbie qui m’a de nouveau en point de mire ! En plus je ne sais pas vraiment comment il se comporte en descente et sur la dernière partie de relances…je fais le forcing mais soudainement, mes mollets se durcissent, des signes de crampes !!!Oh non, et toutes mes pastilles de sel sont avec Maya, quel débutant ! va falloir serrer les dents ! Je fais donc une bonne partie de la descente sur les talons ce qui a le don de réveiller mes cloques toujours sensibles depuis l’UTMB ! Sur la partie finale sur la piste vita, les mollets ne me gêne pas et je peux dérouler pour venir cueillir une première victoire à l’Humanitrail après la déception de l’année passée ! Très content des sensations même s’il y a encore du travail pour être performant dans un mois aux championnats du monde et légèrement contrarié par mes ampoules au talon qui n’ont pas eu le temps de se soigner ! Y a plus qu’à… Et pendant ce temps là….Maya est toujours en course, à batailler comme une lionne dans le Drudy ! Je file la rejoindre au col du Pillon après mon podium afin de partager les 3 dernières heures avec elle et Antoine. img-20160926-wa0002_r Au Col du Pillon, je cours à contresens pour les retrouver, je croise plein de courageux, certains me reconnaissent et de les voir me sourire, me féliciter est toujours un sentiment particulier car ils sont en pleine souffrance et ils trouvent la force d’échanger quelques mots avec moi.
« Ces moments de partage sont marquants, de vrais moments d’Homme à Homme, profonds, sincères, intenses…que c’est bon dans une société marquée par l’individualisme. »
Je les retrouve, Maya me sourit, me fait des signes mais je perçois tout de suite que la machine est fatiguée…je la trouve pâlichonne. Ni une ni deux, on poursuit notre route à trois en direction du ravitaillement du Pillon, elle souffre d’ampoules mais c’est surtout un manque d’énergie général qui l’habite ! Au ravitaillement, nous arrivons 15min avant la barrière horaire qui est très serrée pour une course de cette difficulté, jugez vous-même 12h30 pour 56km et 3600 D+ c’est solide ! Elle s’alimente mais sporadiquement et sous la contrainte, elle n’a pas envie pourtant, sa survie dépend essentiellement de ça à ce moment de la course car musculairement son état n’est pas si alarmant… En partant du ravitaillement, elle rebooste même un groupe de vosgiens, assis et qui tardent à repartir, ils sont trois dont un père et son fils (Dominique et Jérémy)… Ce que je trouve formidable dans le trail c’est ce partage, cette solidarité pour s’entraider et aller au bout du challenge, de l’aventure, du rêve, des valeurs fondamentales que tout le monde devrait appliquer dans son quotidien…Ils s’exécutent et repartent avec nous, gentiment ces 3 heures qui nous séparent de la ligne d’arrivée avec une terrible montée vont se transformer en une aventure mémorable.
« je pensais accompagner ma femme dans sa première réelle longue distance et je vais me retrouver face à un fabuleux moment d’échange, de complicité avec des personnes qui m’étaient totalement inconnues il y a quelques minutes de cela . »
img-20160926-wa0009_palette_r La « Palette » est terrible, un véritable mur qui n’admet pas la moindre défaillance, les pas deviennent lourds, le regard suit chaque pas au rythme d’un zombie, l’heure n’est pas à la parole. A ce moment de la course, les corps sont lourds, les jambes titubent, sans bâtons Maya avance, pas après pas, chaque déplacement est couteux en énergie…une énergie qui fait défaut. La tête prend le relais, à l’instar d’un robot, elle enchaîne les lacets, 30%…40%…45% de pente qui sait ! Je regarde vers le haut, puis je me tourne et regarde vers le bas, ils sont tous dans le même état, certains s’arrêtent, prennent appui sur leurs bâtons, le mur semble insurmontable….une atmosphère se crée, sans parler tous ces coureurs se soutiennent, se donnent la main, leurs regards se croisent, ils se donnent du courage. Je me rend compte de la chance que j’ai d’assister à ce spectacle, une tranche de vie intense, profonde, un moment de trail…. La femme de ma vie avance toujours dans la douleur, je ne peux rien faire pour elle, elle va devoir puiser au fond d’elle-même…ignorer la douleur, pas vraiment, simplement l’accepter comme un compagnon de route, lui donner la main, lui parler, elle fait désormais partie de l’aventure jusqu’au bout… 24-09-16-19 Au sommet, la vue est incroyable, un 360° qui nous laisse bouche bée, ils l’ont fait, la quasi totalité du dénivelé est derrière… certains se reposent 5 min, d’autres regardent le chemin parcouru et celui qu’il reste…encore 8km !Le soleil baisse à l’horizon, la température est idéale, les couleurs splendides ! Antoine souffre du genou, David, l’américain, d’un peu tout, comment fait-il pour s’accrocher alors qu’il donne des signes d’extinction totale, Dominique, son fils Jérémy et son ami Boris, les vosgiens, soudés, souriants, marqués par l’effort mais fantastiques dans l’esprit, plus d’autres courageux qui se sont tantôt accrochés à notre wagon tantôt décrochés…certains pour mieux revenir d’autres pour nous distancer…une saga, un ballet de traileurs faisant tout pour rester en vie… Stephen King est dans ma mémoire, un remake de « Marche ou crève » à la différence qu’ils seront tous gagnants et qu’ils se sentiront encore plus vivants à l’arrivée…un peu moins le jour d’après ;-) 24-09-16-14 Nous plongeons dans la descente après un long faux plat montant où je partage quelques unes de mes aventures en Ultra avec Jérémy, un vrai moment de partage, au coucher de soleil, entre traileurs… que demander de plus ! La descente est technique, les visages se crispent, les pieds souffrent, les cloques se réveillent, les cuisses suffoquent !Les passages dans les champs raides sont terribles, Maya serre les dents, des petits cris s’échappe de sa bouche à chaque pas…
« Chaque pas lui fait mal mais chaque pas la rapproche de son but…chaque pas la rapproche de la victoire, une victoire sur soi-même, une victoire partagée, la plus belle des victoires… »
Chapeau bas mon ange, chapeau bas les gars, merci Antoine, merci Traileurs avec un grand « T », de donner à ce sport ses lettres de noblesse….tout simplement magnifique ! Merci à Matthias Lehmann pour les photos en course! A bientôt pour des nouvelles aventures et quelques articles originaux Suivez-moi sur ma page facebook: Diego Pazos « Zpeedy » , sur Instagram: diegopazos_ et sur Twitter!

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DIego Pazos

Tombé dans la marmite du Trail et de l'Ultra Trail en 2012. Je parcours les crêtes et les sommets à la recherche d'aventure, de découvertes et d'émotions.

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