Eiger Ultra Trail 2016 – Du rêve à la réalité / From dream to reality
Waouuuhhh!!!
Chair de Poule, frissons, sourire, joie, émotions…Allez je continue qu’avec des mots clés car j’ai du mal à formuler des phrases… Venez découvrir le récit de mon aventure depuis l’intérieur!
Goosebumps, chills, smiles, joy, emotions…I could continue just with keywords because i can’t set a normal sentence…. Come and enjoy my adventure report from the inside!
La quête du bonheur
Au delà du résultat qui est évidemment fantastique, qui plus est chez moi en Suisse, ce que je retiens de cette aventure, c’est le chemin pour y arriver, de la période de préparation à l’arrivée devant l’Eiger en passant par les moments d’échanges et de communion avec mon équipe. Quel bonheur de sentir ce soutien, de voir ces sourires sur ces visages et ces larmes de joie dans tous ces regards.
Si au début de la saison on m’avait dit que je remporterais une manche de l’Ultra Trail World Tour, je n’y aurais pas cru ! Bon on est tous conscient qu’il ne s’agit pas d’une manche « Series » par conséquent de nombreux ténors n’ont pas fait le voyage mais je suis quand même extrêmement satisfait de ma course, de notre course car mes ravitaillements ont été menés de main de maître !
Bref…revenons sur le déroulement de l’aventure….
Arrivée le vendredi en fin d’après-midi à Grindelwald où je retrouve Brigitte et Patrice, les parents de Manon, ces retrouvailles me donnent un surplus d’énergie que c’est bon de les retrouver. Je les admire, j’ai été profondément touché par leur approche et par leur proposition de me confier la mission de porter le plus haut possible l’image de leur fille. Elle m’accompagne, elle nous accompagne sur chaque événement et cet Eiger Ultra ne fera pas exception.
Je croise également Alex Brennwald de Swiss Ultra Trail qui me transmet la très belle médaille en tant que meilleur Ultra Traileur Suisse 2015. Finalement Maya, Antoine, Patrick et Rémy me rejoignent assez tard, on règle quelques points concernant les ravitaillements du lendemain ce qui nous retarde encore un peu, ceci cumulé avec un restaurant au service en mode escargot font que la nuit sera bien courte…4h.
Le réveil sonne à 2h45, on va prendre le petit-déjeuner tranquillement et je me prépare, je suis plutôt zen, vraiment pas stressé ! Je partage 10 min de mon footing avec Arnaud Lejeune avant de me rendre sur la ligne, il fait un peu frais et il fera sûrement encore plus frais plus haut mais la journée s’annonce splendide ! Je retrouve Jordi Gamito, Cyril Cointre, Sangé Sherpa, Arnaud Lejeune sur la ligne de départ, toujours un plaisir de les revoir.
L’atmosphère est plutôt tranquille, sans musique et le départ est donné de façon très discrète ! Un petit rodéo dans ce joli village de Grindelwald et on attaque déjà les premières pentes…Peu après le début, le hongrois Nemeth Csaba prend les commandes et impose un rythme très soutenu en poussant fort sur ses bâtons. Je reste prudent dans un groupe de 3 qui se détache derrière l’homme de tête, Jordi Gamito nous talonne de près.
J’ai décidé depuis quelques courses de courir sans bâtons, un certain retour à l’effort de base sans aide matériel, je me sens plus confortable et plus libre dans mes mouvements. Pour l’UTMB, la décision n’est pas encore prise et il faudra peser le pour et le contre !
La montée de la Grosse Scheidegg nous permet de découvrir un paysage féerique avec un ciel vierge de nuage et un lever de soleil avec un dégradé de orange. Entre le 80k du Mont Blanc il y a 3 semaines et l’Eiger, je suis décidément gâté par mère nature. David Byrne, l’Australien (2ème à la Tarawera en NZ) n’en revient pas, il me dit : « Oh my God, this is amazing, unbelievable, we don’t have such mountains in Australia ».
Nous continuons notre petit bonhomme de chemin en direction du premier passage à First, notre rythme est bon mais Csaba semble très costaud ! Lors du 1er passage à First, je vois une partie de ma dream team, Maya, Patrick, mimi puis Antoine et Rémy, ils sont déjà en place, quel plaisir de les voir si tôt ce matin :-)
Dans la descente, nous apercevons Csaba qui avait pourtant entre 2 et 3min d’avance à First mais son allure en descente n’est pas la même qu’en montée et nous revenons facilement sur lui avant de le distancer. Par contre, le bonhomme a de la ressource et recolle dans les premiers contreforts de la remontée sur First puis nous lâche. De nouveau, je reste prudent, la course est encore très longue et il faut être patient. Nous arrivons à first après un passage magnifique sur une passerelle, quelle vue !!! Nous sommes à environ 1min 30 de la tête. Nous repartons toujours à 3 du ravito de First, la partie enneigée va commencer et David s’en inquiète, il n’a jamais couru sur de la neige.
On aborde une partie vallonnée, vraiment magnifique avec quelques parties enneigées par-ci par –là puis une descente courte mais avec des passages relativement techniques. J’aperçois Csaba dans cette partie et je reviens sur lui au pied de la montée pour le Faulhorn qui fait office de grand prix de la montagne ! En le ratrappant, il me dit qu’il monte à bloc jusqu’au Faulhorn et ensuie il relâche, il tient au prix (appareil photo) remis par l’organisation au premier là-haut ! Je ne lui conteste pas ce prix, je reste à distance respectable. Je bascule avec 1min 30 de retard sur Csaba, personnage que je respecte énormément de part sa longévité au plus haut niveau en s’entraînant dans un pays, la Hongrie, où le sommet le plus haut culmine à 1100 m !!!
Le Faulhorn, 2600m, bien enneigé et gelé par endroits nous offre un spectacle magnifique, quelles vues et une descente qui s’annonce technique et périlleuse !ça tombe bien j’adore ça ;-) Je reviens sur Csaba et je me lance, sourire aux lèvres comme un gamin de 8 ans qui reçoit son premier vélo ;-). Entre sentiers transformés en véritables champs de mine par les traces gelées créées par les organisateurs et les passages en dévers, il fallait sortir les réflexes hivernaux ;-)
Je me suis régalé dans ces parties tout comme les jolis passages techniques pentus puis vallonnés en crête. J’arrive ä Schynigge Plate seul en tête mais sans indications sur mes poursuivants, je m’imagine que cette première partie à bien chamboulé le classement. Je ne m’arrête pas et plonge dans la 2ème partie de la descente vers Burglauen. Certains passages sont extrêmement difficiles dans des pâturages avec des trous à vache totalement irréguliers, les chevilles souffrent passablement et le risque d’hypothéquer sa course est bien réel ! Je ne prends pas de risques et ralentis sensiblement dans ces parties.
J’arrive à Burglauen où m’attend ma dream team ! 20 personnes incroyables, avec la cloche suisse font un bruit fantastique, je suis transcendé et tellement heureux de les retrouver. Parmi eux , la bande de la Réunion avec Brigitte et Patrice en tête, pour la mémoire de Manon, leur fille, décédée en décembre dernier et à qui je dédie mes efforts et mes aventures en montagne.Je prends mon temps au ravitaillement, nous sommes à mi course et je change de chaussures, de t-shirts et j’enfile les R2 de Compressport pour les mollets. Ma petite femme est juste parfaite dans ce ravito, je repars après env. 4 min d’arrêt, le train, tout comme au 80k du Mont-Blanc, me fait patienter et je profite pour en rire avec mes proches et les supporters présents à ce ravito. Direction Wengen, une portion montante sans difficultés techniques mais usante, je l’aborde confiant sans me soucier de mes poursuivants pour lesquels je n’ai pas de nouvelles. Ca marche, Ca court, je me perds dans mes pensées bref je me sens à l’aise et tente de gérer au mieux cette partie sans me griller. Je retrouve Maya, Patrick, mimi et une partie de la bande à Wengen, je me sens bien et à partir de maintenant je connais 30 des 40 derniers km ! C’est rare pour moi de connaître une course mais je sais au combien c’est important pour la gestion. Je me trouve face au mur pour arriver à Männlichen, un peu plus de 900m d+ en seulement 4km, un KV en quelque sorte ! On m’annonce que j’avais 10min d’avance à Burglauen sur Jordi ! Je suis super content de retrouver Jordi en 2ème position à ce moment, il le mérite ! Je ne relâche pas la pression dans cette montée qui peut être un tournant dans ma course ! Les jambes répondent plutôt bien malgré plus de 60km dans les pattes. Ä quelques centaines de mètre du sommet, j’entends ma dream team crier mon nom, quelle joie de les entendre, quel enthousiasme, quelle énergie ! je ne peux pas les décevoir, je dois aller au bout :-) Je passe à Männlichen et profite pour faire un petit ravito, on m’annonce 15min au pied de ce mur à Wengen, l’écart se creuse et je sais que si à Männlichen mon avance n’a pas fondu, le coup est largement jouable mais pour ça il faut continuer ce travail de sape et surtout ne pas subir de défaillances ! La vue sur l’Eiger, le Mönch et la Jungfrau est impressionnante et le sera quasiment jusqu’à l’arrivée. Je me lance sur la partie roulante en direction de la kleine Scheidegg puis la petite montée mais raide vers le Lauberhorn, théâtre de la fameuse descente de coupe du monde de ski ! On descend d’ailleurs par la fameuse tête de chien pour ceux qui la connaisse l’hiver avec un saut monumental de plus de 20m des skieurs…et ben venez voir l’endroit en été pour vous rendre compte à quel point ils sont tarés ou doués selon votre point de vue ;-)
Je remonte ensuite pour aller enfin chercher le ravito de la Kleine Scheidegg et là, encore une fois, je retrouve ma team au complet, criant, chantant, les larmes aux yeux…que d’émotions de voir cette équipe, j’en oublie le ravito normal qui n’était d’ailleurs pas prêt pour m’accueillir ;-) J’en profite pour me rafraîchir un peu car le soleil est bel et bien présent mais aussi pour faire santé en buvant une petite gorgée de bière avec les potes qui ont fait le déplacement ;-)C’est parti pour les derniers 25k, la montée de 400m d+ au glacier de l’Eiger fait mal, elle est raide, exposée au soleil et je sens que mon allure dans cette montée est plus faible !Je sers les dents pour basculer dans la longue descente en direction de Alpigen dans les meilleures conditions ! Dans cette descente, plutôt roulante, nous sommes au pied de la face nord de l’Eiger et je me demande comment Ueli Steck et consorts dont Kilian d’ailleurs font pour l’escalader…Personnellement, je suis bien mieux sur les sentiers qu’accroché à cette paroi vertigineuse ;-) mais respect à ceux qui le font et qui la monte plutôt très rapidement… Je dépasse de plus en plus de coureurs du 35k, ce qui, en descente, procure toujours des sensations supplémentaires lors de dépassements parfois un peu acrobatiques ;-) A mon humble avis, des consignes ou des normes devraient être instaurées en général dans le monde du trail pour faciliter ces dépassements et que tant les premiers comme les gens profitant de leur course sur une distance plus courte puissent s’encourager l’un de l’autre et non frôler l’accident ! Dans mon cas tout s’est bien passé mais les codes ne sont pas clairs et parfois les hésitations sont nombreuses. On les résout avec un big smile un petit mot de remerciement mais si un accident arrivait ça ne m’étonnerait pas ! Par exemple, tout coureur rattrapé ou entendant un appel venant de derrière lui demandant le passage devrait se déplacer sur le côté montagne du sentier, celui le plus sûr en règle général. Le coureur dépassant prenant le risque de prendre le côté ravin mais au moins c’est clair et les deux y trouvent leur compte. Les organisations voire même la fédération internationale devrait communiquer sur ce genre de réflexes. A Alpigen, j’entends de loin des cris et des vivas…eh oui la dream team m’attend ! Quelle pêche ! Incroyable, J’arrive le sourire aux lèvres et la tête dans les nuages ! On m’annonce 25min à Kleine Scheidegg….ça sent bon même si je ne connais pas les derniers 14k et je sais qu’ils seront compliqués !
Maya, ma petite femme, m’impressionne, quelle implication, elle ne laisse rien au hasard et sa détermination est contagieuse !Un gros bisou, et deux ou trois blagues plus tard, je reprends la route, oui car nous quittons provisoirement les sentiers pour finir la descente sur la route, ça tape ;-) A 10k de l’arrivée, ça remonte, plutôt sec, un sentier sympa mais assez raide, on arrive à Marmorbruch et là c’est dur car ceux du 35k replonge sur l’arrivée alors que nous continuons à monter sur env. 200 à 300m de dénivelé positif, entre 15 et 20 min d’effort sur des pentes très raides ! Je mets mes dernières forces dans la bataille car on m’a dit plusieurs fois que j’avais env. 10min d’avance sur les temps de l’an dernier ! Je doute de ces infos mais c’est le sugus pour que je maintienne une bonne allure ! Arrivé au sommet, je suis soulagé, c’est fait, plus qu’une descente roulante et un petit coup de cul et je suis arrivé ;-) difficile le petit coup de cul d’ailleurs, de nouveau bien raide ;-) Je parcours les rues de Grindelwald avec le Big Smile, je l’ai fait !!! Première victoire dans une étape de l’Ultra Trail World Tour et en Suisse en plus ! Que demandez de plus… Pleins d’images me passent par la tête et notamment Brigitte et Patrice, leur fille Manon avec qui j’ai couru tout au long de cette course. Une fois de plus ce n’était pas qu’une course, ce fut une aventure partagée avec mes proches, des gens fantastiques chez qui j’ai pu puiser une énergie sensationnelle et surtout un wagon d’ondes positives !
On vit pour ressentir ce genre d’émotions et lorsqu’elles sont partagées, le bonheur atteint des summums ! INOUBLIABLE…Merci à vous tous, cette victoire est à vous, vous avez façonné cette aventure, vous m’avez nourri de joie, de bonne humeur et vous m’avez donné ce supplément d’âme qui fait la différence… Manon sur mon dos à réaliser un voyage extraordinaire au cœur des alpes suisses ! Ma petite danse, mes sauts et mon enthousiasme final sont une manière d’extérioriser mon bonheur et ma joie de vivre ces moments et de les partager avec le public, mes proches et les gens venus assister à l’arrivée…mais également de montrer à quel point on est chanceux de pouvoir le faire ! En coulisse, j’ai pu aller donner mon pipi à la science pour faire analyser la gorgée de bière bue à la Kleine Scheidegg lors d’un contrôle antidopage… ;-) La prochaine grosse aventure…l’UTMB mais d’ici là d’autres articles, c’est promis :-) Je tiens à remercier des personnes qui sont également fondamentales dans mon équipe, les travailleurs de l’ombre sans qui je ne serais pas en pleine lumière actuellement! Merci à mon ostéo belge d’exception Pierre qui me suit depuis presque deux ans et qui commence à connaître ma carcasse mieux que personne et ses deux acolytes Vincent et Stéphane de la clinique Bois-Cerf, Dr ès enlèvement d’ongles ;-) mais pas que!une team de choc et toujours le mot pour sourire :-). Sans oublier mon spécialiste massage Jérôme de la région lausannoise et son cabinet 19m2 qui est toujours là en cas d’urgences ;-) Merci à mon coach Eric Lacroix et sa structure Vey Good Times qui m’apporte cette sagesse, cette structure et ce plus qui me permet de continuer à progresser dans le même état d’esprit d’écoute de soi-même! Comme Eric le dit souvent, le trail reste « la chose principale des choses secondaires ». Merci également à Sam de Planet Endurance qui me soutient depuis mes débuts, un magasin aussi proche de ses clients c’est rare de nos jours! Enfin un grand merci à Compressport International et Suisse pour me faire confiance, je me réjouis de notre collaboration, on a pleins de belles choses et pleins de beaux projets à réaliser! Un gros bisou à tous! Diego « Zpeedy » Ce qu’en disent les médias… http://www.bernerzeitung.ch/region/oberland/eiger-ultra-trail-pazos-und-starkes-oberlandduo/story/27433481 http://www.jungfrauzeitung.ch/artikel/146025/ http://www.ski-nordique.net/eiger-ultra-trail-highlights.5893990-346980.html http://www.generation-trail.com/Trail-2014/eiger-ultra-trail-2016.php http://www.passion-trail.com/andrea-huser-et-diego-pazos-remportent-le-4e-eiger-ultra-trail/
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