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"Seul la longueur et la dureté de l’aventure permettent de se retrouver avec soi-même, de réaliser un voyage intérieur au plus profond de son corps et de découvrir des ressources morales et physiques jusqu'alors insoupçonnées. Le corps humain est une machine tantôt surprenante tantôt merveilleuse avec une capacité d’adaptation hors du commun"

Bilan de la saison 2016

Si 2015 fut un très bon cru, 2016 a clairement dépassé mes attentes en terme d’émotions et de résultats… Une saison pleine de janvier à novembre où j’ai pu pratiquer ma passion sans blessures et sans problèmes de santé! #SmileYourLife #TrailYourLife Cette saison marquait un nouveau départ, une nouvelle collaboration avec Eric Lacroix et mon intégration dans sa structure participative Very Good Times. Pas le temps de chômer car les premiers objectifs sont arrivés très tôt avec la Transgrancanaria. En préparation une petite escapade dans le sud de la France et plus spécifiquement, Marseille pour un accueil d’enfer de Perrine, Julien. Cathy et Séb Telouk lors du Trail de Galinette. Un super moment de convivialité en compagnie de Guillaume Porche en course et d’Emilie Lecomte et Caroline Chaverot hors course ! La Transgrancanaria me fera prendre conscience que je pouvais me battre devant avec les meilleurs mondiaux, j’ai pu faire la course, être acteur et non subir, j’ai pris des risques, j’ai été offensif, en résumé je me suis fait plaisir ! Des attaques en descente, en côte, une gestion très bonne jusqu’au 80k où j’ai eu un net coup de moins bien qui me fera douter avant de pouvoir passer le cap au mental et de bien finir sur la boîte, en partageant ce moment avec Pau. Une course d’une grosse intensité où j’aurais passer de longues heures avec ce qui se fait de mieux sur l’Ultra avec Gediminias Grinius (qui remportera l’Ultra Trail Trail World Tour (UTWT)) et Andy Symonds notamment. J’en retiens surtout les très beaux moments partagés avec Flo, Maya et ma belle maman qui sont venus me soutenir et ont apporté une énergie folle ! Cette expérience a également marqué le début de mon partenariat au niveau international avec Compressport et je suis très satisfait de faire partie de cette équipe à l’esprit famille qui partage également mes valeurs ! Cette année sera également marquée par notre voyage de noces, un moment inoubliable entre le Pérou, la Bolivie et le Chili qu’on adore se remémorer avec Maya ! Des paysages splendides bien sûr mais également des lieux remplis d’histoire, de légendes où de réelles prouesses architecturales ont été réalisées. La culture Inca reste mystérieuse et c’est ce qui la rend si attrayante. Nous nous sommes enrichis de très belles rencontres et nous avons partagé des moments de couple unique, comme cette ascension à 5200m vers La Paz en étant malade comme un chien ou ces nuits étoilées à 3500m dans le canyon de Colca sans parler de la Vallée sacrée ou du désert d’Uyuni. Cette parenthèse dans ma saison m’a fait du bien pour déconnecter même si le retour à l’entraînement et à la réalité est toujours difficile, notamment pour retrouver ses repères, son organisation dans la nostalgie de moments inoubliables. En point de mire j’avais le 80k du Mont Blanc. La maxirace en deux jours et le scenic Trail m’ont permis de me remettre dans le rythme de la compétition. J’ai énormément souffert, connu de belles défaillances surtout à la maxirace mais au final, j’ai également appris énormément sur moi-même et sur certaines limites de notre corps. On ne peut pas pousser a machine constamment, il faut également lui permettre de s’adapter et de recharger les batteries. Au 80k du Mont-Blanc, je me présentais avec de nombreuses inconnues sur mon état de forme et sur ma capacité à tenir la distance. Dans un environnement majestueux, j’ai pu prendre mon rythme sans me soucier des autres, j’ai vraiment pris du plaisir pendant 70k avant de devoir serrer les dents comme tout le monde sur les 15 derniers km. Un grand moment que de franchir cette ligne d’arrivée à Chamonix, le haut lieu du trail, première grande victoire et forcément des images plein la tête. De Ludo Collet qui m’accueille aux larmes de joie de ma petite femme et de mes parents aux intenses accolades avec mes proches et amis…cette journée restera inoubliable.
« Une complicité ne s’invente pas, elle se forge au gré des aventures bonnes ou mauvaises, c’est un lien intense, profond qui se vit avec les tripes, avec le cœur… »
Pour d’autres raisons et dans d’autres conditions, ma victoire sur l’Eiger Ultra 101, trois semaines plus tard où j’étais attendu restera dans ma mémoire comme le pic émotionnel de l’année. Pas vraiment pour la victoire mais plutôt pour les moments vécus durant toute la course avec un soutien incroyable d’une vingtaine de proches dont Brigitte et Patrice, les parents de Manon* et toute la famille de son copain…Des gens avec le cœur sur la main que j’apprécie énormément et qui font maintenant partie de la famille tant les émotions partagées ont été fortes et intenses. On dit qu’une image vaut mille mots mais un regard, une larme également. Une complicité ne s’invente pas, elle se forge au gré des aventures bonnes ou mauvaises, c’est un lien intense, profond qui se vit avec les tripes, avec le cœur… Nous avons cette chance avec le trail et l’Ultra en particulier de vivre des émotions qui vont au-delà du sport et de la simple performance. Une course prend une toute autre dimension lorsqu’elle est vécue dans le partage, des liens étroits se créent entre coureurs, avec les accompagnants et le public. L’implication est totale et ces instants aussi brefs soient-ils resteront comme des tranches de vie uniques. Et même lorsque cette aventure ne peut pas être vécue en famille ou entre ami pour X ou Y raisons, cela reste une aventure unique avec soi-même, les paramètres temporels passent au second plan, on fait corps avec soi-même, on se parle, on se découvre, on initie un dialogue intérieur pour monopoliser toutes les énergies et continuer à avancer. Ce processus est fondateur, intense, profond et peu de situations nous procurent ces sensations dans la vie de tous les jours.
« Nous avons cette chance avec le trail et l’Ultra en particulier de vivre des émotions qui vont au-delà du sport et de la simple performance. »
Mon été s’est orienté ensuite dans la préparation de l’UTMB, une course sur laquelle je revenais en 2016 et qui est la course qui suscite le plus d’attente et où le niveau est le plus dense. Une course qui devient mythique et qui en fait rêver plus d’un. Une expérience nouvelle pour moi avec des sollicitations nouvelles également. Je suis en général assez détendu avant une course d’Ultra, je ne me mets pas plus de pression que celle qui vient naturellement car le corps en tant que machine incroyable guidée par notre cerveau reconnaît les moments où quelque chose d’important se profile. Je sens mon corps se préparer à l’aventure, au combat alors bien sûr cela ne signifie pas qu’il performera au maximum mais cela me permet de juger de mon implication sur l’objectif. Avant l’UTMB, les voyants sont au vert et je suis prêt à profiter de l’expérience ! Malheureusement et bien malgré moi, l’aventure va tourner au vinaigre et va tourner court, des ampoules profondes sur mes deux talons vont saccager ma course dès le 20ème km (voir mon récit de l’UTMB). Je n’ai plus d’autres solutions et je traverse du 35ème aux Contamines au 80ème à Courmayeur comme un fantôme ! Cette désillusion et ces moments de solitude m’ont permis de prendre conscience de la fragilité d’une performance, le nombre de paramètres à gérer est tellement grand qu’il faut réussir à tout réunir pour réaliser une performance. Et l’aventure humaine dans tout ça ? dans les moments difficiles et lorsque l’abandon reste la seule option on vit ce qui nous reste de course différemment , moins intensément comme si l’esprit était ailleurs. J’en ai profité pour me poser des questions sur ma pratique mais également pour interagir avec d’autres coureurs qui n’allaient pas très bien, vivre cet « enfer » dans le partage est également une manière de relativiser, de retirer du bon et de partager des émotions qui construiront de futures aventures.
« …respectez les autres personnes et tentez de faire sourire chaque jour une personne et vous verrez que votre journée prendra une toute autre saveur :-) »
La dernière histoire de ce 2016 très riche fut les championnats du monde IAU au Portugal. Représenter un jour mon pays dans des grands championnats était un rêve de gosse ! Jamais je n’aurais pensé que ce sport serait l’ultra Trail mais voilà, la vie est faite de découvertes, d’inconnues et de belles surprises. J’ai donc vécu l’expérience pleinement avec Maya et mes proches qui se sont déplacés pour me soutenir. Une bataille de tous les instants avec un plateau de coureurs hyper dense, une course sans répit! Au final une très belle 6ème place mondiale avec comme bouquet final la surprise de voir mon filleul à l’arrivée et mes cousins venus de Galicia, ma terre d’origine. Une première pour eux, un nouveau moment intense d’émotion pour tous! Ces championnats du monde resteront comme un épisode de David contre Goliath compte tenu des moyens mis à disposition par la Fédération suisse d’athlétisme. Au risque de me mettre des gens à dos, je ne suis pas adepte de la langue de bois même si je n’aime pas les polémiques mais leur soutien a été plus que ridicule ! Qu’une nation comme la Suisse, avec la montagne au cœur de son ADN, ne soutiennent absolument pas cette pratique pourtant reconnue officiellement n’est pas admissible. Les trajets pour notre poche, l’hôtel pris en charge par l’organisation et le reste par nous-même, aucun soutien logistique su place et plus dur encore, aucune accréditation planifiée pour permettre à des accompagnants de nous soutenir. Je ne veux pas retenir ça car les moments passés avec Kathrin, Franziska, Helene, Iwan et Urs, les autres coureurs suisses, sur place ainsi que les échanges avec les autres pays ont été riches et très agréables mais des choses doivent être dites et écrites car les gens ne se rendent pas compte des sacrifices qui sont entrepris pour arriver à ce niveau sans être professionnel (je travaille à 80%) et sans soutien de notre propre fédération ! Espérons que les choses vont changer, elles vont le faire, elles le doivent…ABE Enfin Merci à vous tous pour votre soutien, merci de suivre mes aventures au quotidien, de vous passionner par ce sport et ma pratique et surtout restez vous-même, respectez les autres personnes et tentez de faire sourire chaque jour une personne et vous verrez que votre journée prendra une toute autre saveur :-) Une vrai saison en apesanteur… * Manon est cette jeune fille réunionnaise, pleine de vie et d’énergie au grand cœur comme ses parents mais au cœur malade qui ne s’est malheureusement jamais réveillée d’une transplantation cardiaque. Je cours pour porter la mémoire de Manon sur les sommets et pour lui faire vivre d’où elle nous regarde des émotions inoubliables.

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DIego Pazos

Tombé dans la marmite du Trail et de l'Ultra Trail en 2012. Je parcours les crêtes et les sommets à la recherche d'aventure, de découvertes et d'émotions.

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